En biologie, le cycle de vie, est la période pendant laquelle se déroule une succession de phases qui composent la vie complète d’un organisme vivant. Ces phases intègrent la naissance, la croissance, l’alimentation, la reproduction, et enfin la mort.
(Source Wikipédia)
Cette peur est déclenchée, provoquée, par des changements subjectifs (les cernes dues à la fatigue, les rides d’expression du visage…), ou objectifs (la diminution de la vue, de l’audition…) de notre corps. Ils nous font penser à l’approche de notre mort. Dès lors, comment accepter de vieillir ?
Il me semble que notre société est en partie responsable de nos difficultés à accepter de vieillir. Dans le milieu sportif, jusqu’à 34 ans, je jouais en sénior. A 35 ans, je suis passée chez les vétérans. Au travail, à 45 ans, sans rien demander, j’ai obtenu le grade des seniors (moins appréciable que celui du sport).
J’ai 49 ans, et je me sens parfaitement bien dans ma tête et dans mon corps. Selon l’OMS, d’ici peu, j’atteindrais le début de la vieillesse. Et si nous pouvions vieillir en paix ?
Je suis née en 1973. Quelques années plus tôt, la jeunesse, en quête de liberté et désireuse de montrer qu’elle existait, a marqué l’histoire par la révolution de mai 1968. Cette fameuse année, des millions de personnes ont manifesté, réclamant plus de droits, d’écoute, de liberté, mais aussi plus d’égalité dans la société.
Mario, un des personnages de mon livre : « Ma vie de soignante en ehpad : en immersion chez ces grands oubliés », répond à nos exigences de faire respecter les gestes barrières par : « Vous ne connaissez pas Mai 68 ? Il est interdit d’interdire ! »
Cette période, celle du progrès, de la performance et de la rentabilité, a fait basculer les regards. Auparavant, nos aînés étaient respectés et leurs connaissances, savoirs et expériences étaient valorisées. Ils vieillissaient, transmettaient et mouraient. Puis l’hégémonie du jeunisme s’est installée et les a écartés de la société, en les prétendant dès lors inutiles. La vieillesse a été métamorphosée sur plus d’un plan, devenant une catégorie sociale improductive et économiquement dépendante. Vieillir véhicule désormais une image négative, et il est maintenant difficile d’accepter de vieillir.
Marc raconte comment il a accepter de vieillir
Avant de poursuivre, je vous présente Marc (95 ans).
Je l’ai rencontré à l’ehpad, où j’étais animatrice. Avant de mourir, il me raconte comment il a cessé de résister aux évènements incontrôlés de la vie. Aimant l’océan, il a acheté une résidence secondaire, en Charente-Maritime. Chaque jour, il rejoint la Côte sauvage pour une promenade et une baignade.
Ce secteur est réputé dangereux en raison des baïnes (courants). Nager hors des zones surveillées est déconseillée. Mais, Marc a ses habitudes, et qu’importe la météo, il parcourt cinq kilomètres sur la plage et termine par un bain de mer. Il ne veut pas accepter de vieillir, et c’est ainsi qu’il choisit de ralentir les effets du temps.
Marc est doué pour raconter, je m’engouffre dans son récit en l’écoutant. En été 1985, comme à son habitude, il part aux aurores retrouver l’océan. Ses kilomètres avalés, il se dévêt, rentre dans l’eau en se mouillant d’abord la nuque. Il a hérité ce rituel de ses parents. A son tour, il le transmettra à ses enfants. Après quelques brasses, il est surpris d’avoir nager aussi loin. Voulant se rapprocher du bord, il lutte contre le courant. Pris de panique, il redouble d’efforts, mais en vain. Il mime son essoufflement ! Je vis la scène ! Epuisé, il se voit mourir noyé. Assis devant moi, il laisse retomber ses bras le long du corps, reprend son souffle, et en me fixant, me dit : voyant ma vie s’arrêter, je me suis posé ces questions : qu’est-ce que je n’ai pas eu le temps de faire ? Si c’était à refaire, quelles seraient mes priorités ? »
Marc maintient le suspens
Après un temps silencieux, il poursuit : « j’aurais dû aimer mieux, j’aurais dû être plus courageux. J’aurais aimé vivre ma vie sans peur du regard d’autrui ».
Retour dans le courant, où il cesse de résister. Voulant me montrer la position de la planche, qu’il a alors prise, il manque de basculer de sa chaise. Dans l’élan de le retenir, je me retrouve allongée par terre. En cessant sa lutte, le courant l’a gentiment relâché, et il a regagné le bord. Plié de rire, en me voyant au sol, il cite Marc Aurèle : « donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse de distinguer les premières des secondes ».
Durand six années, je rencontre des vieux qui m’aident à accepter de vieillir.
Naître, grandir, accepter de vieillir et mourir
Naître, grandir, accepter de vieillir et mourir, c’est accepter les variations et bouleversements qui se présentent à nous. Répondant aux changements qui nous environnent, notre organisme libère naturellement du stress pour s’adapter à la nouveauté.
A l’origine, ce stress nous permettait en cas de danger de fuir ou de lutter. Même si de nos jours, les « réels » dangers sont moins présents, nous résistons et luttons contre nous-même ou contre les autres, quand nous nions ce qui est.
L’augmentation inédite de notre espérance de vie dans l’histoire de l’humanité, annonce d’ici à quelques années plus de retraités que d’actifs. Ce n’est pas la société qui vieillit, mais une partie de sa population.
Chaque société a les vieillards qu’elle mérite, mais leur statut peu enviable n’exclut pas l’importance de leur rôle. Nous devons à nos ancêtres les bénéfices des découvertes, inventions, explorations et innovations dont nous poursuivons les évolutions, parfois à notre propre détriment.
Accepter de vieillir c’est trouver aujourd’hui, des solutions pour créer dès maintenant nos lendemains.
Est-ce que vous acceptez de vieillir ? Je vous pose la question
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