Jacqueline et Marcelline partagent leurs pensées.
Deux fois par semaine, je rends visite à Jacqueline (86 ans) et Marcelline (83 ans). Elles sont impatientes de connaître les dernières actualités et informations insolites. Certaines nous font sourire, d’autres nous font pleurer de rire, d’autres encore provoquent l’émergence de souvenirs et nous font réfléchir.
Aujourd'hui, Jacqueline et Marcelline m'ont fait lire ce texte de l'écrivain colombien Gabriel García Márquez, traduit de l'espagnol
« Si pour un moment Dieu pouvait oublier que je suis une marionnette de chiffon et me donner en cadeau une parcelle de vie, j’en profiterais le plus possible.
Je ne dirais probablement pas tout ce que je pense mais je penserais sûrement tout ce que je dis.
Je dormirais peu, je rêverais davantage, sachant que pour chaque minute pendant laquelle nous fermons les yeux nous perdons soixante secondes de lumière.
Je marcherais alors que les autres s’arrêtent ; je me réveillerais quand les autres s’endorment.
Aux hommes je leur prouverais combien ils se trompent en pensant qu’ils cessent d’être amoureux en vieillissant, sans savoir qu’ils vieillissent quand ils cessent d’être amoureux.
A un enfant je lui donnerais des ailes, mais je le laisserais apprendre à voler seul.
Suite du texte
J’ai tant appris de vous, les hommes ! J’ai appris que tout le monde veut vivre au sommet de la montagne sans savoir que le vrai bonheur est de l’escalader.
J’ai appris que lorsqu’un nouveau-né serre pour la première fois dans sa petite main le doigt de son père il le garde pour toujours.
Il y a tant de choses que j’ai pu apprendre de vous ! Mais peu me serviront parce que quand elles seront rangées dans cette valise malheureusement je serai en train de mourir.
Dis toujours ce que tu ressens et fais ce que tu penses !
Si je savais que je te vois pour la dernière fois, je te dirais: « Je t’aime » ignorant que tu le sais déjà.
Suite et fin du texte
Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne une autre opportunité de faire les choses bien ; mais si je me trompe et que ce jour-là est le seul qui nous reste, j’aimerais te dire combien je t’aime et que je ne t’oublierai jamais.
Demain n’est assuré pour personne. Aujourd’hui c’est peut être la dernière fois que tu vois ceux que tu aimes. N’attends donc pas davantage, agis ! Autrement, tu regretteras le jour où tu n’as pas souri, pas étreint, pas embrassé.
Garde auprès de toi ceux que tu aimes ; dis-leur que tu as besoin d’eux ; aime-les et soigne-les ; prends le temps de leur dire “je te comprends”, “pardonne-moi”, “s’il te plaît”, “merci” et tous les autres mots d’amour que tu connais.
Personne ne se souviendra de ce que tu n’auras pas formulé. Demande au Seigneur la force et la sagesse de les exprimer. Montre à tes amis et à celles et ceux qui te sont chers combien tu les aimes.
Vous m’avez appris tellement de choses ! Mais lorsque je serai mort, elles ne me seront plus utiles ! »
